• LES ESPIONS

    LES ESPIONS /

    Distribution

     

    Le docteur Malic dirige à Maisons-Laffitte une clinique psychiatrique lépreuse au bord de la faillite. Contre une importante somme d'argent, il accepte de la part d'un mystérieux personnage le colonel Howard, qui se dit membre de de l'Institut de guerre psychologique des États-Unis d'héberger incognito dans sa clinique un de ses agents Alex. Malic est appâté par une telle somme inespérée, qui va lui permettre de résoudre ses problèmes et mettre fin à ses soucis. Il accepte. C'est le début de ses ennuis car le voilà entraîné dans une sombre et angoissante affaire d'espionnage où il se fera manipuler comme un jouet. La clinique est l'objet d'une étroite surveillance de la part d'une nuée d'espions parvenus sur les lieux et dirigés par Kaminsky et Cooper, les deux chefs de réseau de l'Est et de l'Ouest D'étranges personnes envahissent sa maison : sa fidèle infirmière est remplacée par une terrifiante espionne flanquée de deux hommes de main. Le garçon du café restaurant où il a l'habitude d'aller est remplacé, l"arrière salle est envahie par les membres au comportement bizarre d'une amicale de joueurs d'Ocarina . Les péripéties s'entre-mêlent et accroissent l'inquiétude. Il vit un véritable cauchemar. Finalement Malic découvre que les espions russes et américains essaient de mettre la main sur le savant atomiste Vogel. Il soupçonne Alex d' être ce scientifique et par humanité décide de le sauver en fournissant aux espions une photo du seul pensionnaire de sa clinique. Helas Alex n'était qu'un leure et Malic va essayer de sauver le vrai Vogel son intervention ne sera pas couronné de succès et le savant disparaîtra sans qu'on sache vraiment s'il a été kidnappé, s'il s'est suicidé ou s'il a été executé. Personne ne peut rien désormais pour Malic. Il a fait parti intégrante du jeu des espions, un jeu cauchemardesque qui l'a .brisé..

    Gérard Séty : "Clouzot reprenait beaucoup sur les intonations. Il déstabilisait l'acteur, de façon ¦ ce qu'il perde son propre contrôle.Pour la scène des plumes, il y a eu quarante-sept ou quarante-huit prises. Il a torturé Vera pour finalement prendre l'une des premières. Pour un simple plan où l'on me voyait de dos, il pouvait me bourrer le bras de coups de poing en hurlant : un peu de vie dans cette épaule."

    Clouzot : " Ce film est le plus périlleux que j'ai jamais réalisé. Pourtant je n'ai pas osé aller aussi loin que je l'aurais voulu. Ce que je voudrais qu'on comprenne, c'est que je viens de réaliser mon premier film à tendances métaphysiques. Pourquoi ? Parce que je suis obsédé par l'absurdité de ce monde qui souffre de ses contradictions."

    "Lorsqu'il se moque de la farce des services secrets dans ce film-canular il se fait taper sur les doigts. Partis pour une soirée récréative les spectateurs alléchés par le titre sont saisis à rebrousse-poil et moqués . Henri Jeanson rigole et classe le dossier :" Clouzot a fait Kafka dans sa culotte". Où va-t-il culbuter? Sa spécialité c'est le suspense. Qu'il s'y tienne". (Raymond Chirat, la IVeme république et ses films)

    "Le film est d'une noirceur que le public et la critique refusent d'un même élan. Projet ambitieux que celui-ci, qualifié par son auteur de "noire tragédie de l'ère atomique", quand les diaboliques n'était jamais, pour lui, qu' "un policier, rien de plus".... Englué dans une intrigue à laquelle il n'entend rien, le docteur Malic est prisonnier de la logique infernale d'un récit qui prétend exprimer l' absurdité du monde de l'époque. Le nom de Kafka est lâché. Mais il est surtout prétexte au mot féroce de Henri Jeanson. Tout le monde rit du mot, beaucoup ricanent. Du film. Injustement? Avec excès, certainement. Car les espions apparaît, avec le recul, comme un film étonnant et extrêmement prenant, qui comporte plusieurs scènes saisissantes, produite par l'implacable mécanique mise en branle par Clouzot." ( Pascal Mérigeau, H.G.Clouzot, le diabolique - dans la brochure Cannes les années Festival 1956 )

    "Follement ambitieux dans son propos; confus, baroque, irritant par les moyens mis en oeuvre pour accomplir de tels propos; magistral dans sa réalisation technique; On n'a pas fini de l'applaudir ou de le vouer aux gémonies." (J. de Baroncelli, Le Monde)

    "Tout cela est d'une drôlerie étonnante. Et surtout d'un ton extraordinairement nouveau" (J.P.Vivet, l'Express)

    "Factice, tel est l'adjectif qui vient spontanément sous la plume pour qualifier cette oeuvre sans nécessité interne où quelques fantoches symboliques s'agitent, qu'il eût fallu au moins un Ionesco pour dramatiser." (M. Mourlet, l'Ecran français)

    Point de vue de Jacques Siclier : Alors que "Les Diaboliques", suspense criminel magistralement monté, avait été très bien accueilli en 1955, le public et la critique boudèrent ces "Espions", où l' on retrouve pourtant l'habituel univers noir de Clouzot. On reprocha surtout au film d'être incompréhensible, de ne mener à rien, de ne pas correspondre, en fait, à la littérature ou au cinéma d'espionnage traditionnels. A cette époque, les romans de John Le Carré et de Len Deighton, avec leurs agents secrets pris dans l'engrenage d'un système où tout le monde trompe tout le monde, n'existaient pas. D'une certaine manière, Clouzot aurait donc devancé un courant des années 60. Pourtant, à l'époque des "Espions", les rivalités entre agents secrets des deux blocs de la "guerre froide" appartenaient bien au genre. Mais ce film est dominé par la notion d'absurde, et les gens cultivés firent aussitôt référence à Kafka, pour démontrer que Clouzot n'avait pas été à la hauteur de ses ambitions. Cela alla même jusqu' au mauvais jeu de mots : " Clouzot a fait Kafka dans sa culotte". Aujourd'hui, nous sommes plus sensibilisés au propos tragique de cette oeuvre méconnue. L'absurde a envahi le monde moderne et il n'y a rien d'autre à comprendre, dans cette histoire d'espions, que l'angoisse d'un homme, d'un individu (Malic) découvrant le relativisme moral (thème déjà cher à Clouzot depuis "Le corbeau") et les pièges d' un univers où, quand on ouvre une porte, celle-ci ouvre sur un autre cachot. Si l'humour ou la violence viennent détendre parfois cette angoisse, elle n'en demeure pas moins maîtresse, en fin de compte. Comme dans certains films de René Clément, la mise en scène de Clouzot, solide, efficace, nous entraîne sur les chemins d'une fatalité dont l'homme est inévitablement prisonnier. Dès lors, la "noirceur" de ce film n'est pas gratuite, esthétique. Elle reflète bien l'absurdité d'un monde où chacun est tenu de se forger sa propre "morale", mais n'en est pas moins amené à sombrer dans le néant.(CD-ROM le cinéma français de 1929 à nos jours)

    Il s'agit du premier film produit par Henri-Georges Clouzot, qui avait donné à sa société le pré nom de sa femme Vera Films. Ce fut le dernier film joué par celle-ci. LES ESPIONS fut non pas adapté mais inspiré au cinéaste par le roman de l' auteur tchèque Egon Hostovsky, paru à New York deux ans auparavant sous le titre The Midnight Patient

    Malgrè son imposante distribution internationale (les Allemands Curd Jurgens et O. E. Hasse, les Anglais Peter Ustinov et Martita Hunt, l'Américain Sam Jaffe, le Canadien Paul Carpenter et de nombreux Français) un tournage simultané en deux versions du film (comme cela se faisait souvent avant guerre) une anglaise et une française.

    Le tournage du film fit l'objet de notes écrites par le critique Michel Cournot pour "France-Soir" aui furent ensuite réunies en livre sous le titre : "Le premier spectateur".

    Clouzot déclarait : "Derrière l'aventure rocambolesque - que certains ont assimilé aux Pieds Nickelés ! - transparaît, me semble-t-il, l'angoisse de l'homme qui constate qu'il n'est plus un objet..."

     http://www.priceminister.com/offer/buy/2398269/Les-Espions-DVD-Zone-2.html

    POINTS DE VUES : #EndEditable -->

    #BeginEditable "les%20critiques" -->" Alors que "Les Diaboliques", suspense criminel magistralement monté, avait été très bien accueilli en 1955, le public et la critique boudèrent ces "Espions", où l'on retrouve pourtant l'habituel univers noir de Clouzot. On reprocha surtout au film d'être incompréhensible, de ne mener à rien, de ne pas correspondre, en fait, à la littérature ou au cinéma d'espionnage traditionnels. A cette époque, les romans de John Le Carré et de Len Deighton, avec leurs agents secrets pris dans l'engrenage d'un système où tout le monde trompe tout le monde, n'existaient pas. D'une certaine manière, Clouzot aurait donc devancé un courant des années 60. Pourtant, à l'époque des "Espions", les rivalités entre agents secrets des deux blocs de la "guerre froide" appartenaient bien au genre. Mais ce film est dominé par la notion d'absurde, et les gens cultivés firent aussitôt référence à Kafka, pour démontrer que Clouzot n'avait pas été à la hauteur de ses ambitions. Cela alla même jusqu'au mauvais jeu de mots : " Clouzot a fait Kafka dans sa culotte". Aujourd'hui, nous sommes plus sensibilisés au propos tragique de cette oeuvre méconnue. L'absurde a envahi le monde moderne et il n'y a rien d'autre à comprendre, dans cette histoire d'espions, que l'angoisse d'un homme, d'un individu (Malic) découvrant le relativisme moral (thème déjà cher à Clouzot depuis "Le corbeau") et les pièges d'un univers où, quand on ouvre une porte, celle-ci ouvre sur un autre cachot. Si l'humour ou la violence viennent détendre parfois cette angoisse, elle n'en demeure pas moins maîtresse, en fin de compte. Comme dans certains films de René Clément, la mise en scène de Clouzot, solide, efficace, nous entraîne sur les chemins d'une fatalité dont l'homme est inévitablement prisonnier. Dès lors, la "noirceur" de ce film n'est pas gratuite, esthétique. Elle reflète bien l'absurdité d'un monde où chacun est tenu de se forger sa propre "morale", mais n'en est pas moins amené à sombrer dans le néant ".

    Jacques Siclier

     

     

     

    « CHARLIE DANIELSnew »
    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :