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Le Salaire de la peur
Le Salaire de la peur
Fiche technique
- Titre : Le Salaire de la peur
- Réalisation : Henri-Georges Clouzot
- Adaptation et Dialogues : Henri-Georges Clouzot et Jérôme Geromini, d'après le roman homonyme de Georges Arnaud, Éditions Julliard, octobre 1950, 203 pages.
- Photographie : Armand Thirard
- Photographe de plateau : Lucienne Chevert
- Production : Raymond Borderie et Henri-Georges Clouzot pour Vera Films, CICC, Filmsonor (France) ; Fono Roma (Italie)
- Distributeur : Cinédis
- Musique : Georges Auric
- Montage : Madeleine Gug, E. Muse et Henri Rust
- Pays d'origine : Italie, France
- Langue : français, espagnol, anglais, italien, russe
- Genres : drame, aventure
- Durée : 142 minutes
- Format : 35 mm ; 1,37 : 1 ; noir et blanc
- Date de sortie en France : 22 avril 1953
Distribution
- Yves Montand : Mario
- Charles Vanel : Jo
- Peter van Eyck : Bimba
- Folco Lulli : Luigi
- Véra Clouzot : Linda
- William Tubbs : Bill O'Brien
- Dario Moreno : Hernández, patron d'un bar
- Antonio Centa : le chef du camp
- Jo Dest : Smerloff
- Luis de Lima : Bernardo
- Darling Légitimus : Rosa
- Faustini
- Seguna
Dans une petite bourgade d’Amérique latine écrasée par le soleil, végètent des aventuriers qui ont échoué là sans pouvoir en repartir. Lorsqu’arrive un ancien gangster de petite envergure, Jo, il se lie immédiatement d’amitié avec Mario, ancien parisien comme lui. Une opportunité se présente à eux : une compagnie pétrolière offre une grosse somme pour transporter un chargement de nitroglycérine sur quelques centaines de kilomètres. Le mauvais état des routes risque de faire exploser le chargement à tout moment…
Après trois premiers longs métrages exemplaires (pour ne pas dire parfaits) mais dans lesquels le verbe prédominait largement, Henri-Georges Clouzot chercha à se renouveler, et entama une période de mutation. Manon, inspiré de l’Abbé Prévost, témoignait, notamment dans sa dernière partie, de cette volonté d’évoluer, assez audacieuse à défaut d’être tout à fait accomplie : Clouzot cherchait alors de nouvelles formes d’expression, et sa participation au film à sketchs Retour à la vie ou son incursion (anodine) dans la comédie (Miquette et sa mère) en témoignèrent également à leur manière. Le Salaire de la peur marque en quelque sorte une forme d’aboutissement de la démarche : en réalisant un film de pure forme, qu’aucun de ses travaux antérieurs ne pouvait permettre d’anticiper, Clouzot achevait une première mue. Le roi des mots était devenu également un maître de l’image.
La première est structurelle, et ce tant au niveau de l’intrigue que de la narration : sur le premier point, le film repose sur une construction étonnante, avec une installation extrêmement longue (plus d’une heure dans le village avant le départ des camions), qui participe à la mise en place d’une atmosphère moite, étouffante, purgatoriale .Ensuite, une fois les camions partis, on demeure surpris par l’audace, la modernité et l’efficacité de la construction en paliers : la bambouseraie obscure ; la route de tôle ondulée ; le ponton des abymes ; le rocher obstrueur ; le cratère de pétrole... tant de « niveaux » à surmonter, comme dans les jeux vidéos primitifs des années 80, où la moindre erreur de parcours déclenchait un funeste « game over ». Dans Le Salaire de la peur, la mort rôde, omniprésente, et c’est finalement quand on s’y attend le moins qu’elle surgit le plus violemment.La force structurelle du film provient également, donc, des procédés de découpage ou de montage utilisés par Clouzot pour charger son récit de tension : peu de mouvements de caméra, un montage sec et vif, et une manière constante d’envisager les plans et leur arrangement comme les accords fondamentaux de sa mélodie du suspense.
Le Salaire de la peur possède un sens de l’épique et du tragique liés à la condition humaine qui a de quoi laisser pantois. Ces hommes perdus n’ont plus rien (pas même de passé !) sinon leur capacité d’agir... alors ils agissent. A cet égard, le processus d’identification à l’œuvre dans Le Salaire de la peur n’est pas tant pour les personnages que pour ce à quoi ils sont soumis : une idée de la fatalité, et de la futilité de l’existence humaine.
À l'origine, c'est à Jean Gabin que fut proposé le rôle de Jo mais il refusa, craignant que ce personnage de lâche entachât sa carrière
- Ours d'or au Festival de Berlin en 1953
- Palme d'or au Festival de Cannes 19539 et prix d'interprétation masculine pour Charles Vanel.
- Prix Méliès en 1953
- British Academy Film Award du meilleur film en 1955
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