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    Nick Tosches à Saint-Malo en 1997.

    L’auteur de «Hellfire», la plus belle biographie d’un chanteur de rock'n'roll jamais écrite (sur Jerry Lee Lewis), est disparu dimanche à l'âge de 69 ans.

    Nick Tosches (prononcer «TOSH-ez»), l’auteur de Hellfire, la plus belle biographie d’un chanteur de rock’n’roll jamais écrite (sur Jerry Lee Lewis), était un stoïque, comme ces hommes à toges qu’il admirait tant. Il est mort dimanche à 69 ans, mais attendait ça depuis un certain temps. La dernière fois que je lui ai rendu visite dans son immeuble en briques de TriBeCa, à New York, le premier du quartier à avoir été «réhabilité» il y a vingt-cinq ans, son trois-pièces paraissait toujours aussi inoccupé, les étagères vides, son mobilier juste fonctionnel et suffisant. Il m’avait reçu comme lors de ma dernière visite, en caleçon bleu layette et tricot de corps griseâtre, comme sa peau, les jambes comme des tringles. Il paraissait frêle et au bout du rouleau, mais pas plus que les autres fois ces dix dernières années. Il était juste fatigué de parler.

    Il venait de publier son dernier livre, l’étonnant Sous Tibère. La seule mention du bouquin n’eut droit qu’à un grognement écœuré, un petit geste délicat de la main, comme un jeu de mouchoirs. Il espérait seulement qu’on ne le ferait pas voyager. «Je ne peux plus supporter les aéroports.» Nos rencontres avaient pris ce genre de tournures taiseuses depuis un bail. Cela suffisait amplement de rester assis ensemble sur le banc dehors au soleil à regarder les oiseaux, et cette ville qu’il refusait désormais de reconnaître. «Nick Tosches habite dans ce qui fut New York», disait la succincte notice biographique au dos de Under Tiberius.

    «Légendaire»

     

    Il n’en fut pas toujours ainsi. Le quatrième de couverture de Hellfire se terminait par ces mots typiques de l’homme : «Son premier livre, Country, est légendaire.» Il s’était ravisé avec les ans, le trouvant «un peu juvénile», lui préférant par exemple celui qui n’avait pas tardé à suivre, Unsung Heroes of Rock’n’Roll, mais Country était légendaire à un titre : personne n’avait jamais écrit sur la musique comme lui. Par fainéantise, on ne manquera pas de le ranger dans le groupe des soi-disant «Noise Boys» (une invention du New York Times), mais Tosches n’avait pas grand-chose à voir avec les Greil Marcus, Lester Bangs et autres critiques de rock. Dès ses débuts dans Teenage Wasteland Gazette, le fanzine qu’il avait fondé avec Richard Meltzer, et plus tard dans les colonnes de revues comme FusionRolling Stone et Creem, il fera preuve d’un solide dédain pour le métier – profond mépris non envers le rock’n’roll, mais envers le show-biz, voire la presse rock. On ne l’aurait jamais attrapé à écrire sur Bruce Springsteen, ni à devenir son manager.

    Si les papiers de Tosches se remarquaient moins dans Creem que ceux des collègues, c’est évidemment que Tosches ne faisait que passer, et n’avait pas l’intention de rester gérer le fonds de commerce. Après tout, c’est le genre de type qui, en présence de Johnny Cash, préfèrait discuter numismatique romaine du premier siècle, que de l’influence de son ex-belle-mère Maybelle Carter sur son jeu de guitare. Tosches était aussi à l’aise pour parler sécurité ou échanges boursiers avec un financier comme Michele Sindona (le banquier du Pape qu’il interviewa dans sa prison de Naples peu de temps avant l’expresso au cyanure), que rock et pizza avec Dick Manitoba, le chanteur des Dictators, ou benzedrine et percodan avec l’acteur Jerry Lewis (comme lui de Newark, New Jersey). Tosches était philosophe, romancier, journaliste, philologue, musicologue, mafia-watcher, historien, rat de bibliothèque. Sa connaissance des bars était plus que sérieuse, elle était ancestrale : à 14 ans, son père le laissait s’occuper du bar familial à Newark. On en trouve encore l’odeur dans son premier roman de 1988, Cut Numbers (la Religion des ratés). Son père Nick était d’origine italo-albanaise, un village des Pouilles qui inspirait la crainte jusque dans la Camorra. Sa mère était irlandaise, d’où peut-être son goût pour les mots et les mystifications.

     

    texte copie de liberation 

     

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