• Joseph Pirzada, recherches de tresors

     

    texte paru en 2009 juste copie coller .....a lire !!!

     Joseph Pirzada,

      Joseph Pirzada, recherches de tresors

     Joseph Pirzada, recherches de tresors Joseph Pirzada, recherches de tresors

     

     

    Dans le Memphis de l'Amérique, 30 ans après la mort de leur King pharaonique, ils sont des dizaines de milliers, lampion à la main, pèlerins recueillis autour de la tombe des tombes dans le temple de Graceland. Par milliers aussi, les vendeurs du temple les attendent à la sortie. D'autres encore n'ont que faire de ce culte désincarné, tel Joseph Pirzada, bien trop occupé à chercher les traces d'Elvis Presley, le vrai, celui de chair et d'os, celui qui, dans les années 50, chantait et bougeait mieux que quiconque. Entrevue avec un archéologue d'images, de sons et d'artefacts.

    Bien sûr qu'il est à Memphis. «Tout le monde est à Memphis cette semaine. Y compris tous mes contacts.» Notez que Joseph Pirzada n'a pas dit Elvis Week, même si c'est très officiellement l'Elvis Week à Memphis, Tennessee, rapport à la commémoration des 30 ans du passage de vie médicamentée à trépas prématuré d'Elvis Aaron Presley: faut-il rappeler que c'était le 16 août 1977, au début de l'après-midi, que la petite amie du moment et le fidèle homme de main Joe Esposito découvrirent dans le cabinet d'aisance à l'étage de Graceland le corps inanimé de l'homme de 42 ans le plus fameux de l'univers? Nul besoin de le rappeler à Joseph Pirzada. Qui ne porte pas le deuil. Ce n'est pas son affaire, et de toutes façons, il n'aurait pas le temps. «J'ai un "agenda" chargé. Beaucoup de gens à rencontrer, de pistes à suivre.»
    l est sur un coup. M'en parle «off the record». Une trouvaille formidable. Du jamais entendu. On en reparlera. Bigre. J'ai l'impression de causer à un privé en pleine enquête «undercover». Une sorte de Sherlock Holmes de l'artefact elvissien. Car le gaillard est britannique. Et il n'en est pas à son premier coup d'éclat. Depuis trois ans, ce collectionneur de 40 ans, qui a d'abord aimé Elvis dans les reprises de ses films à la télé, ébahit les fans les plus blasés, ceux qui ont tout, ou qui croyaient tout avoir. Il stupéfie même Ernst Jorgensen, le fan des fans, celui-là même qui, responsable du catalogue Presley chez RCA-BMG depuis deux décennies, a révélé au monde le contenu de voûtes jusqu'alors interdites, contenu décliné en moult coffrets et compilations exemplaires. Après toutes ces parutions destinées au grand public (chez RCA-BMG) ou aux «complétistes» par le truchement du label spécialisé Follow That Dream (prises alternatives par centaines, spectacles des années 70 par dizaines), on croyait avoir fait le tour de la ceinture (en or) d'Elvis. Que nenni.

    Au tour des collectionneurs privés

    Il y avait aussi les collectionneurs privés, dont Pirzada, qui attendaient leur heure. Ou plutôt: leurs années. Les années libérées de droits d'utilisation. J'explique. Presque partout dans le monde (sauf aux États-Unis, notamment), le contrat d'exclusivité entre une compagnie de disques et un artiste expire après 50 ans. Pour chaque enregistrement. Ainsi, en ce 16 août 2007, les chansons enregistrées sur disque ou en spectacle par Elvis Presley jusqu'au 16 août 1957 peuvent être commercialisées par n'importe qui, sous réserve que la source utilisée soit vraiment de l'âge requis (les restaurations ont leur propre date de péremption). C'est dire la quantité de rééditions douteuses qui inondent actuellement le marché: on ne compte plus les repiquages de 78-tours mal nettoyés.

    C'est dire aussi à quel point Pirzada se démarque. Qu'offre-t-il donc sur le site de son label Memphis Recording Service? De l'inespéré. De l'inespéré somptueusement emballé. Exemple époustouflant: le coffret Tupelo's Own Elvis Presley, paru en juin dernier. Qui contient pour la toute première fois des extraits d'un spectacle d'Elvis dans les années 50. Pour la première fois, j'insiste, le son et les images en même temps. Elvis qui se désarticule en chantant Long Tall Sally, Don't Be Cruel, Hound Dog, I Was The One, etc. On avait des images (le plus souvent des films d'actualités), on avait des documents sonores, on avait les passages célébrés à la télé, on avait les performances dans les premiers films à Hollywood, on avait mille témoignages, mais jamais au grand jamais n'avait-on eu du métrage donnant accès à la véritable expérience d'Elvis en personne, au sommet de sa forme. Elvis le Pelvis sur scène. Bien plus qu'au Ed Sullivan Show la même année, ces bouts de films permettent de mesurer l'impact Presley. Zéro censure. On constate l'extrême liberté du geste, la nature irrépressible du gars. On assiste à rien de moins qu'au moment où l'histoire de la musique populaire bascule. Plus rien ne sera jamais pareil.

    Comment diable Pirzada a-t-il mis la main sur ces minutes fabuleuses? «Au départ, c'était un projet de livre illustré: j'avais surtout trouvé beaucoup de photos inédites. Il y aurait eu à ce livre des suppléments CD et DVD. J'avais les deux "shows" de Tupelo en audio. Et on avait réussi, à partir des images très connues du spectacle de l'après-midi, tirées d'un film d'actualités de Fox Movietone, à synchroniser 45 secondes de "Don't Be Cruel". Ce qui me semblait déjà incroyable. Mais en cours de projet, en regardant les autres films d'actualités de Fox Movietone, on a compris que le métrage avait été morcelé. Dix secondes dans un film, 20 secondes différentes dans un autre, etc. Avec amour et patience, on a tout reconstitué. Et tout synchronisé. Il y en avait pour 13 minutes.»

    Allez voir les extraits repiqués sur YouTube, ou mieux, le clip promotionnel sur le site www.memphisrecordingservice.com. On en sort baba. Et pourtant, image et son pâtissent du médium: l'intérêt de la petite entreprise de Pirzada réside précisément dans le souci de qualité. «J'essaie d'offrir ce que j'aurais aimé trouver quand j'ai commencé à collectionner des disques d'Elvis.» On n'est pas dans le bootleg de luxe, mais dans le produit haut de gamme. Ainsi le coffret propose-t-il de quoi justifier les 40 $ aboulés: en plus des minutes historiques d'Elvis sur scène, on obtient des images muettes du spectacle du soir à Tupelo, une entrevue inédite avec Elvis et sa petite amie de l'époque, du métrage de la «homecoming parade» dans les rues de la ville natale, etc. La totale. «À cette époque où tout peut être copié, l'idée est de rendre l'objet désirable.»

    Un autre coffret, tout aussi chic, a pour principal attrait un film amateur. Du 8mm, silencieux. On y découvre quelques secondes d'Elvis lors d'un spectacle à Meridian, au Mississippi, tournées par un quidam lors du Jimmie Rodgers Memorial Celebration. Le 25 mai 1955. La date n'est pas anodine: ce sont les toutes premières images d'Elvis en mouvement. «J'ai trouvé ça tout simplement en plaçant des petites annonces dans les quotidiens des villes où Elvis a joué en 1955 et 1956. J'ai eu des tas de réponses, presque toutes de gens qui croyaient avoir des trésors mais qui avaient en fait des documents très courants. Et puis il y a ce monsieur qui m'a dit: "j'ai filmé Elvis quand il est venu à Meridian". Je ne savais pas si ce serait utilisable, mais je savais que c'était inédit. Et unique. Au bout du fil, j'en tremblais.»

    Plus fort encore? Pirzada a racheté à prix d'or d'un autre collectionneur deux disques d'aluminium récupérés en 1968 parmi des détritus dans l'arrière-boutique d'un magasin de disques à Memphis. Je vous le donne en mille: deux des matrices qui avaient servi à graver les premiers 45-tours d'Elvis chez Sun Records. Le Graal. «J'ai donc pu imprimer de nouveaux exemplaires neufs de "That's All Right", "Mama" et "Mystery Train", identiques aux exemplaires que de très rares et très riches collectionneurs avaient seuls pu entendre sur leur platine. C'est toute une sensation. On a l'impression de ramener le passé au présent.»

    «Le vrai bonheur dans tout ça, continue Pirzada, c'est la quête. On ne sait jamais sur quoi on va tomber. En fait, le plus souvent, ce sont les gens eux-mêmes qui n'ont pas conscience de ce qu'ils ont chez eux. Ils ont oublié ce qu'ils ont filmé, ou ils ont des photos inédites qu'ils croient banales. Tout est possible. Tout est encore possible. Alors, je continue de chercher.» Et Elvis continue de vivre.

    Collaborateur du Devoir

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