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  • Elvis university

     

     Memphis, sur le muret de Graceland, la chaumière du dieu Elvis, un dévot a tagué la seule question qui compte: «Alors Elvis, ce gendre...?» En attendant la réponse, sous forme d'«Elvision» spectrale, authentifiant le mariage, bizarre, de sa fille, Lisa Marie Presley, avec Michael Jackson, l'invocation du fantôme se perd dans la moite nuit du Sud. «Tout de même, c'est révélateur», professe Jack Estes, éminent folkloriste, penché sur les graffiti comme Champollion sur une bafouille à Anubis. «Dix-huit ans après sa mort, on le prend toujours à témoin des loufoqueries de notre culture.» Sur son bras droit, le chercheur quinquagénaire, invité au premier congrès international sur Elvis Presley, s'est fait tatouer, en typo vert pomme, le «in hin hin» légendaire du défunt rockabilly. «C'est un message adressé à mon académie», sourit Jack, la lippe rebelle. Pour dire que l'on peut être agrégé et givré? «Ou aimer Elvis avec science et méthode, comme l'astrologue aime les étoiles.»

    600 000 pèlerins par an à Graceland

     

    Dans un pays où 100 000 imitateurs professionnels perpétuent le culte, on croyait avoir tout vu. Des tasses à thé Elvis, des parachutistes Elvis, des apparitions Elvis plus fréquentes que des repérages d'ovnis. On compte au moins 600 000 pèlerins par an à Graceland, la demeure la plus visitée d'Amérique après la Maison-Blanche, parsemée de bouteilles d'oxygène pour parer aux évanouissements des émotifs, et 300 millions de dollars annuels de "breloques merchandisées". Il manquait un congrès universitaire. A Oxford, Mississippi, à mi-chemin de Tupelo, lieu de naissance du King, et de Memphis, où il est enterré, une centaine d'elvisologues chenus et fébriles occupent, pendant une semaine, l'amphi de l'université du Mississippi. Au programme, «Elvis, musique, race, religion, classe et sexe», «Elvis et la culture matérielle», son moi prométhéen, sa «vie d'archétype jungien»,  sa «sémiologie scénique». C'est un défi et un moment historique. Une des première approche sociologique du phénomène, susurre Vernon Chadwick, prof de littérature et coorganisateur de la convention, attelé à une thèse comparative entre la vision ethnologique de Melville et les films hawaiiens d'Elvis. Bluffant! «Puisque Elvis rivalise en popularité avec Bouddha, Jésus et Mahomet, puisqu'il appartient à l'Univers, pourquoi le sujet le plus populaire de l'histoire humaine échapperait-il à la loupe académique et, plus encore, à l'épopée sudiste qui l'a fait naître?» On acquiesce, sans oublier la polémique.

    Bill Clinton, né en Arkansas, dans l'ex-Confédération, jure être un fan d'Elvis, mais les notables du Sud préfèrent leur très chic Faulkner. Surtout ici, à Oxford, dernier domicile de l'écrivain, où M. le maire, furieux de l'attention offerte à un «redneck vulgaire et superficiel», a demandé l'arrêt des subventions à l'université, sous les hurlements de rire du comité des étudiants. «Elvis personnifie la culture sudiste, martèle Stephen Tucker, historien et musicologue de La Nouvelle-Orléans. C'est un petit mec blanc élevé en face d'une église pentecôtiste noire, puis dans une HLM de Memphis, à deux pas des bluesmen de Beale Street. Un produit régional, comme les plats de côte aux fayots.» Et comme un beauf du Sud profond? A la tribune, Willy Campbell, ancien phare des droits civiques, Gatemouth Moore, grand-père du blues de Memphis, et John Shelton Reed, pionnier des sociologues sudistes, tentent de raviver l'hagiographie. .  Elvis renaît pourtant en ange du consensus, plus adulé aujourd'hui qu'il y a dix ans, plus vénéré que de son vivant. «Normal! Notre pays ne supporte plus les morcellements de sa mosaïque culturelle, assurent en chœur l'anthropologue William Ferris et le sémiologue Mark Gottdiener.

    Elvis offre, lui, un portrait-robot de l'Amérique idéale: sexy et provocateur, mais militariste et amoureux de sa maman. Pauvre comme Job, puis riche comme Crésus, mais rivé à son terroir du Tennessee.» On poursuit le catalogue: mignon et svelte, puis gros comme une loche, rural et naïf, mais pailleté à Las Vegas, défoncé aux antidépresseurs, membre honoraire de la police antidrogue et passionné par les gourous indiens. A chacun son Elvis. «Si le culte s'amplifie aujourd'hui, explique Gottdiener, auteur de "Culture matérielle et vie postmoderne'', c'est parce que cette idole composite comble le fameux vide spirituel américain. C'est le seul dieu qui ait jamais offert des Cadillac, glorifié la consommation, le sexe, le cliché de l'hédonisme.» Pas étonnant que sa disparition, le 16 août 1977, soit encore analysée comme un traumatisme national. «Les milliers d'apparitions d'Elvis ressemblent à de classiques réactions de deuil, courantes par exemple pour les veuves», explique Neal Gregory, auteur de «La Mort d'Elvis». Dans la salle, Peter Nazareth, «presleyxégète» patenté de l'université de l'Iowa, penche pour la thèse de l'assassinat d'un King subversif. Et Jack Estes soupire: «Si je n'avais pas entendu son "in hin hin" libérateur tout môme, dans mon patelin paumé, je ne serais peut-être jamais devenu prof.»

    Elvis Presley October 6, 1974 : University Of Dayton, Dayton.

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    estes

    http://news.yahoo.com/photos/vernon-chadwick-oxford-second-left-gives-visitors-tour-photo-153742371.html

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     Citation de PAUL MC CARTNEY

    Le plus souvent, j'oublie mes chansons; les fans, eux, se les repassent sans cesse. Ils savent tout de ma vie privée, se souviennent des dates de tous mes concerts. Le plus drôle, c'est que, de mon côté, j'en sais probablement plus sur Elvis Presley que sur moi-même.»

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